Le mot d'introduction
La fin de lâannĂ©e approche Ă grand pas. Nous vous invitons Ă un meetup sur les coulisses de rĂ©alisations de lâassociation Toulouse DataViz.
En rĂ©sumant la donnĂ©e et en racontant des histoires, ces infographies exploitent nos nombreux biais cognitifs et autres principes dâengagement que nous Ă©numĂ©rons dans cette newsletter. Nous montrons ainsi des visualisations trompeuses, créées Ă partir de indicateurs mal choisis ou de sur-interprĂ©tation des donnĂ©es. De mĂȘme, une carte nâest jamais neutre : câest ce que rappelle lâouvrage Cartographia, qui change notre regard sur la cartographie.
La dataviz est aussi capable de sensibiliser, comme dans lâexposition que nous prĂ©sentons ici sur la situation des femmes en Asie centrale.âŻ
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Dans les coulisses de la dataviz : le making-of
Lâassociation Toulouse DataViz vous montre les coulisses de ses rĂ©alisations ! Au programme : une sĂ©lection de visualisations issues de nos petits projets passion :
- Exposition Datagraff 2025,
- Les marées de Julie,
- Les élections tunisiennes
- La carte des réfugiés Syriens
- et bien plus encore.
Venez découvrir comment nous avons créé ces dataviz : les idées, les choix, les essais⊠et participez à la discussion en partageant votre regard.
Intervenants : Alain Ottenheimer, Julie Brunet, Houcem Chaabane et Vincent Vivanloc.
En présentiel et en distanciel
Le jeudi 20 novembre 2025 Ă 19h
Espace Etincelle Coworking Alsace-Lorraine

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Cartographia - Comment les géographes (re)dessinent le Monde

Françoise Bahoken et Nicolas Lambert ne sont pas des inconnus pour lâassociation TDV. Nous avions dĂ©jĂ eu le plaisir de les accompagner lors de lâorganisation dâun Hackaviz dans le cadre dâun Ă©vĂ©nement universitaire. Depuis, nous suivons de prĂšs leurs travaux, notamment les riches contributions de Nicolas Lambert sur la plateforme ObservableHQ - une vĂ©ritable mine dâor pour les passionné·es de dataviz et de cartographie.
AprĂšs la parution cette annĂ©e de lâexcellent manuel de cartographie coĂ©crit par Nicolas Lambert et Christine Zanin, le duo formĂ© par Françoise Bahoken et Nicolas Lambert nous invite cette fois Ă un voyage Ă travers la cartographie et son histoire dans Cartographia.
Ă travers des questions aussi sĂ©rieuses quâinsolites, ils dĂ©voilent les coulisses souvent mĂ©connues de la fabrique cartographique :
- La Terre est-elle vraiment ronde ?
- Pourquoi le nord est-il toujours en haut des cartes ?
- Quelle est réellement la plus haute montagne ?
- Les continents existent-ils vraiment ?
- Peut-on truquer une élection avec des cartes ?
Un essai passionnant, accessible et plein dâanecdotes, qui se lit comme un roman et change notre regard sur les cartes que nous croyons connaĂźtre.
à découvrir absolument !
211 milliards dâeuros dâaides aux entreprises ?
Au bout de 6 mois de travaux, en juillet, le SĂ©nat a rendu un rapport de 1 500 pages. 211 milliards dâeuros dâaides publiques aux grandes entreprises. Les uns dĂ©noncent une gabegie sans aucune contrepartie, aux profits des actionnaires - et une raison dâĂȘtre de la taxe Zucman. Les autres voient un moyen de soutenir le petit artisanat local et allĂ©ger la facture payĂ©e au final par le consommateur, voire une contrepartie aux 53 milliards dâimpĂŽts sur les sociĂ©tĂ©s et 84 milliards dâimpĂŽts sur les revenus.
Difficile dây voir clair et ce ne sont pas les dataviz proposĂ©es qui vont nous y aider.



Lâindicateur avant la visualisation
La visualisation est le moyen privilĂ©giĂ© de communiquer des donnĂ©es. Certes, mais ce ne sont que trĂšs rarement des donnĂ©es brutes, mais plutĂŽt des indicateurs et la diffĂ©rence est Ă©norme. Un exemple pour souligner ce point, prenons comme indicateur/mesure, par exemple, le nombre moyen dâĂ©coliers par classe. Cet indicateur, qui semble trĂšs anodin et non ambigu, est piĂ©gĂ©. Il y a en effet deux maniĂšres diffĂ©rentes de le calculer selon le point de vue :
- de lâenseignant : pour chaque classe, lâenseignant indique le nombre dâĂ©lĂšves dans sa classe, et on fait la moyenne des valeurs obtenues pour tout lâĂ©tablissement
- de lâĂ©lĂšve : cette fois-ci, on demande Ă chacun des Ă©lĂšves, le nombre dâĂ©lĂšves dans sa classe, et on fait la moyenne des valeurs obtenues
Le rĂ©sultat nâest pas le mĂȘme. Soit deux classes A et B, dâun tout petit Ă©tablissement, avec respectivement 2 et 6 Ă©lĂšves.
- les enseignants : (2+6)/2 =4
- les élÚves : (2x2+6x6)/8 = 5
Cette ambiguĂŻtĂ© est prĂ©sente Ă bien dâautres niveaux. Un cas cĂ©lĂšbre est celui des statistiques de ponctualitĂ© de transport (train, avion, bus). Il y a deux maniĂšres de compter les retards : la moyenne des retards de chaque vĂ©hicule sur lâhoraire prĂ©vu ou bien la moyenne des retards subis par chacun des voyageurs, et bien sĂ»r le rĂ©sultat nâest pas le mĂȘme. La premiĂšre mesure est indiffĂ©rente au nombre de voyageurs, ce qui est plutĂŽt malhonnĂȘte si on sâintĂ©resse Ă la ponctualitĂ© perçue par lâusager.
Nathan Uyttendaele, statisticien belge et youtubeur propose dâautres exemples dans sa vidĂ©o Comment (vraiment) tout faire dire aux chiffres oĂč la SNCB ou StatBel usent ou abusent de ces ambiguĂŻtĂ©s.
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Il y a bien dâautres situations oĂč lâindicateur mal choisi fait conclure des absurditĂ©s. La comparaison de phĂ©nomĂšnes sur des populations de tailles diffĂ©rentes est un classique.
- Les voitures les plus volées en région parisienne

- quâil faudrait comparer aux nombres de voitures en circulation en rĂ©gion parisienne. Chiffres inconnus. La statistique la plus proche connue Ă©tant le volume de vente de voitures neuves en France.

- Ou alors faire peur avec Boeing,

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- qui se corrige par exemple en visualisant le nombre dâincidents par million de vols.

En conclusion : Avant de visualiser, vérifiez que vous avez le bon indicateur, celui qui répond le mieux à la question que vous voulez éclairer.
Biais cognitifs et persuasion
A lâoccasion dâune formation sur la cybersĂ©curitĂ© liĂ©e aux nouvelles possibilitĂ©s offertes par lâintelligence artificielle, jâai eu des recettes donnĂ©es pour essayer de dĂ©jouer les faux de plus en plus facilement créés par lâIA. Les intervenants ont bien conscience que ces astuces deviendront obsolĂštes au fur et Ă mesure des progrĂšs des modĂšles dâIA. Par consĂ©quent, la derniĂšre barriĂšre qui reste est nous-mĂȘmes : il faut prendre conscience des biais cognitifs et des principes de persuasion.
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Les biais cognitifs sont des schĂ©mas de pensĂ©e trompeurs et faussement logiques. Câest un raccourci que nous prenons, car notre cerveau nâest pas capable de traiter ou mĂ©moriser un flux trop important dâinformation. Ils peuvent ĂȘtre organisĂ©s en quatre catĂ©gories : ceux qui dĂ©coulent de trop d'informations, de manque de sens, de la nĂ©cessitĂ© d'agir vite et du nombre limitĂ© de nos souvenirs. Voici une version interactive du codex des biais cognitifs.
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Robert B. Cialdini, est un psychologue social amĂ©ricain qui a Ă©crit Influence et manipulation, qui propose six principes de persuasion sous lâacronyme RASCLS (Reciprocity, Authority, Scarcity, Commitment & Consistency, Liking, Social Proof).
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Biais cognitifs et principes de persuasion sont des mĂ©canismes qui permettent dâexploiter les faiblesses de notre psychĂ©. Bien utile aux cybercriminels mais aussi influenceurs ou voire quiconque voudrait vous vendre quelque chose, ou vous raconter des histoires Ă coup de dataviz frauduleuse. Vous pouvez nous croire sur parole, ça fait 10 ans que TDV existe, et les milliers de lecteurs de la newsletter ne peuvent quâaller dans ce sens. đ
La parade a tout ce cela, cela reste de se poser et de réfléchir.
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Le billet du Japon⊠et dâailleurs
Ă lâoccasion dâune autre formation, jâai eu le plaisir de rencontrer Altynai Mambetova, une data journaliste, data scientist et militante fĂ©ministe du Kirghizistan.
Dans ce pays de 7 millions dâhabitants, dâune surface Ă©quivalente Ă la Roumanie, elle a participĂ© Ă une initiative fascinante regroupant un collectif de data artistes dâAsie centrale, mobilisĂ©es sur la dĂ©nonciation des violences faites aux femmes. Le projet Tirek â mot signifiant pilier, Ăąme (dâune corde) ou encore trame dâun vĂȘtement â est dâune inventivitĂ© et dâune puissance similaires aux travaux de Giorgia Lupi ou StĂ©phanie Posavec, deux rĂ©fĂ©rences ouvertement assumĂ©es par Altynai et lâĂ©quipe du projet.
En voici deux exemples.
La création QizUL de Zhanna Assanova (Kazakhstan)


Sur cette chemise de nouveau-nĂ©, on trouve des fleurs de tailles diffĂ©rentes reprĂ©sentant chacune un prĂ©nom fĂ©minin. Plus la fleur est grande, plus le prĂ©nom est frĂ©quent. Toutes ces fleurs ont un cĆur jaune, symbolisant la prĂ©sence du prĂ©fixe âUlâ qui signifie garçon. Dans la tradition kazakhe, on nomme ainsi les filles par des prĂ©noms comme Ulbolsyn âquâil y ait un garçonâ ou Ulzhan âĂąme de garçonâ â des petites filles dont on aurait donc espĂ©rĂ© quâelles soient⊠des garçonsâŻ! Cette Ćuvre vise Ă dĂ©noncer cette pratique discriminatoire et stigmatisante qui touche encore aujourdâhui des dizaines de milliers de femmes et dâenfants (84 000 recensĂ©es) au Kazakhstan.
La création Lukhtak de Bejan Shamsov  (Tadjikistan)


Les âlukhtakâ sont des poupĂ©es traditionnelles, considĂ©rĂ©es comme des talismans porte-bonheur au Tadjikistan. Ici, lâartiste en crĂ©e 163 en rĂ©fĂ©rence aux 163 fĂ©minicides recensĂ©s au Tadjikistan, de 2018 Ă 2024. Chaque poupĂ©e est unique et porte en elle toutes les donnĂ©es du fĂ©minicide et de la victime. Les enfants de la victime sont reprĂ©sentĂ©s par les petits pompons attachĂ©s aux mains de la poupĂ©e, la couleur et le motif du tissu du visage indiquent la mĂ©thode du meurtre (par Ă©touffement, au couteauâŠ) , tandis que la couleur de la tunique indique le lieu du fĂ©minicide. Une Ćuvre belle et forte âappelant une rĂ©ponse Ă©motionnelle et attitrant l'attention sur un problĂšme qui reste souvent dans l'ombreâ.

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Lâensemble du projet Tirek est Ă dĂ©couvrir et Ă partager, tant les crĂ©ations sont fortes et innovantes. Le projet est portĂ© par lâagence Onusienne UNWOMEN, et le collectif School Of Data dont on aime la philosophie et les actions pour promouvoir les bons usages des donnĂ©es et de la technologie, comme essaye de le faire, Ă son Ă©chelle, Toulouse Dataviz.
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Mata ne !
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